Un objet prestigieux
Alphonse CHASSANT (1808-1907), célèbre archiviste paléographe et futur conservateur du musée d’Évreux a écrit une notice historique sur la Tour de l’Horloge dans le recueil des travaux de la Société libre de l’Eure de 1843.
Dans cet article, il mentionne l’inscription gravée sur les barres du châssis de l’horloge :
« En 1813, M. Le Comté de Miramon, Préfet de l’Eure, M. Le Baron de Sepmanville, Maire d’Evreux – Adjoints : MM. Buzot et De Langle, cette horloge a été faite sous leur administration par Etienne Rosse, horloger de cette ville, et forgée par Pierre Godin, serrurier à Evreux. »
Alphonse CHASSANT précise qu’Étienne ROSSE était réputé dans tout le pays comme un des plus habiles mécaniciens, ayant à son actif la mise au point des mécanismes les plus sophistiqués.
La redécouverte d’un objet prestigieux
La restauration du mécanisme
Il y a quelques années l’association des Amis du Patrimoine d’Evreux (APE) s’est vue confier une caisse en bois remplie de vieux engrenages rouillés, de barres métalliques tordues et de quelques contre poids. L’été 2020, l’association décide de sortir ces éléments de leur caisse. Une partie des pièces est nettoyée de sa gangue de rouille et soudain, est apparue sur une des barres l’inscription mentionnée par Alphonse CHASSANT.
L’association redécouvre alors un patrimoine oublié : l’ancien mécanisme horloger de la Tour de l’Horloge qui, devenu obsolète, avait été démonté dans les années mille neuf cent soixante pour faire place à un mécanisme électrique puis aujourd’hui automatisé.
Cette découverte inopinée, sans conteste d’une grande importance patrimoniale et mémorielle pour la ville d’Évreux, devait fonctionner à nouveau. Ce à quoi s’est employée l’association des Amis du patrimoine d’Évreux. L’association l’a alors confiée au Muséum de mécanique naturelle de Giverny, afin qu’après inventaire, celui-ci tente de remonter et de rendre fonctionnel l’ensemble.
Le Muséum a procédé au nettoyage des pièces, redressé les éléments qui pouvaient l’être et refait les pièces manquantes ou trop abimées. Afin de comprendre son fonctionnement, le système horloger a été remonté plusieurs fois à blanc. C’est à cette occasion que l’horloge, a révélé non seulement qu’elle commandait les heures et les minutes sur trois cadrans, mais aussi le déclenchement des cloches pour la sonnerie « automatique » des heures, des demis et des quarts.
Au-delà du remontage de cet ensemble horloger, il est apparu intéressant de pouvoir le montrer au public. Cela a nécessité quelques aménagements comme l’installation de nouvelles cloches en bronze. Il a fallu aussi compléter les mouvements des bras de commandes pour qu’elle puisse à nouveau fonctionner en dehors du cadre qu’elle avait connu durant 150 ans. Un nouveau cadran transparent a été installé pour lire les heures et permettre de voir le fonctionnement du mouvement mécanique.
L’association des Amis du Patrimoine d’Évreux et le Muséum de mécanique naturelle de Giverny ont consacré près de 400 heures de recherches, études et travaux sur une période de cinq mois afin de faire revivre l’ancienne horloge du Beffroi.