Evreux, son fonds ancien, ses incunables & Maeva

Ses incu-quoi ? Interview de Maeva Villerot, responsable du Fonds patrimonial des Médiathèques & Patrimoine écrit d’Évreux.

Peux-tu nous expliquer ton métier (ou tes métiers) au sein de la médiathèque ?

Je suis responsable du Fonds patrimonial des Médiathèques & Patrimoine écrit d’Évreux. À ce titre mon travail consiste à conserver et valoriser le patrimoine écrit de la Ville. Tout ça, est très bien mais vous me poserez certainement la question du comment ce patrimoine est arrivé à la bibliothèque. Ce patrimoine a été transmis à la bibliothèque au lendemain de la Révolution française. Symboliquement le peuple récupère dans les églises, les abbayes, chez les étrangers, la connaissance pour la mettre à disposition de tous. Ces ouvrages, confisqués, sont entreposés dans des dépôts littéraires pour être inventoriés et triés, dans le but de créer les premières bibliothèques publiques. Celle d’Évreux ouvre en 1801 et devient municipale en 1802. Cette collection inestimable a continué de s’enrichir par des dons et des achats. C’est cette « tradition » que nous poursuivons aujourd’hui en achetant tous les livres (ancien ou plus récent) en lien avec Évreux, le département de l’Eure et les collections.

Je me suis laissée dire que le fonds ancien d’Evreux disposait d’un nombre assez impressionnant d’Incunables ?

Tout à fait, nous en conservons 13 au total.
Le terme « incunable » désigne un livre imprimé sous presse à l’aide de caractères mobiles dans une période qui commence au début de l’imprimerie vers 1455 et qui finit au 31 décembre 1500.
Les premiers imprimeurs donnent aux incunables la seule forme de livre qu’ils connaissent, celle du manuscrit. Au départ les textes imprimés sont surtout des grands classiques connus depuis l’Antiquité. Mais très vite ils vont permettre de développer des éditions de textes originaux, souvent en langue vulgaire et non plus en latin : ouvrages pédagogiques, livres de prières, petits opuscules, etc. Il faut distinguer deux types d’éditions :

• l’édition princeps qui est la première édition imprimée d’un texte dont la rédaction remonte souvent à plusieurs siècles : littérature Antique – grecque ou latine – et du Moyen-Âge depuis les écrits de Saint Augustin aux recueils juridiques par exemple ;
• l’édition originale, qui est la première édition d’un texte du vivant de l’auteur.

Quelles sont les conditions de conservation de ces œuvres ?

Tous les documents conservés au Fonds patrimonial sont conservés à une température comprise entre 18° C ± 1° C et 55 % d’HR ± 5 %…

Pouvez-vous les exposer parfois ?

Nous pouvons être amenés à les exposer mais nous devons respecter un certain nombre de précautions : placement sous vitrine, pas d’exposition à la lumière extérieure et pas d’exposition directe à une lumière artificielle.

Sont-ils consultables ?

Ils sont consultables sur place après autorisation du responsable de la collection et du Conservateur des Médiathèques & Patrimoine écrit, en salle de lecture du patrimoine écrit à la Médiathèque Rolland-Plaisance. Cette consultation se fait sur rendez-vous du mardi au vendredi de 14h à 18h. Pour prendre rendez-vous, vous pouvez nous envoyer un mail à patrimoineecrit@epn-agglo.fr ou par téléphone au 02 32 78 85 09.

Comment crée-t-on une telle collection ?

Les collections se sont constitués au fur et à mesure à la faveur des dépôts d’État, des dons et Legs, mais aussi en fonction de la politique d’acquisition du Fonds patrimonial. Comme je vous l’ai dit plus tôt, aujourd’hui la collection se développe pat des achats de livres (ancien ou plus récent) en lien avec Évreux, le département de l’Eure et les collections.

Définition incunable : Ouvrage imprimé antérieur à 1500, tiré à peu d’exemplaires.

Photo :
Incunable : Exemplaire : a 520 – Liber chronicarum [Incunable] / (auteur), Hartman Schedel. – Nürnberg : Anton Koberger pour Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, 1493.
La chronique de Nuremberg est une histoire universelle compilée par Hartlann Schedel (1440-1514), médecin de Nuremberg, humaniste et bibliophile. Cet ouvrage est un des premier travaux d’impression les plus densément illustrés et techniquement avancés. Il comporte 1809 gravures en bois. Il est publié en 2 éditions : 1 en latin éditée le 12 juillet 1493 à 1 500 exemplaires ; 1 en allemand éditée le 23 décembre 1493 à 1 000 exemplaires.
L’exemplaire conservé au fonds patrimonial d’Evreux est l’une des éditions latines, dans ce volume il manque la gravure du jugement dernier, de la prédication et de la chute de l’Antéchrist).