Peut-être as-tu vu passer dans ton journal préféré un article concernant la stratégie tourisme de l’agglo ? On y parlait jaune d’Evreux mais qu’est-ce donc ?
Il est des couleurs qui racontent des histoires, des teintes qui traversent les siècles en portant en elles les secrets des maîtres artisans. Le jaune d’Évreux, cette nuance dorée si particulière, en est l’un des plus beaux exemples. Derrière cette teinte lumineuse se cache une innovation majeure du 14e siècle.
Une découverte qui change tout
Avant l’apparition du jaune d’argent, les vitraux médiévaux étaient limités à une palette de couleurs intenses mais restreinte : bleu profond, rouge rubis, vert soutenu. Mais au début du 14e siècle, une nouvelle technique venue sans doute des verriers du Moyen-Orient fait son entrée en Occident. Elle repose sur l’application de sels d’argent (chlorure, sulfure ou iodure d’argent) au revers du verre, suivi d’une cuisson. Ce procédé ouvre un champ des possibles extraordinaire : des teintes allant du jaune clair à l’orangé profond, voire au vert lorsqu’appliqué sur du verre bleu. Et parmi les premiers à l’adopter et à le sublimer, les maîtres verriers d’Évreux se distinguent.
Le jaune d’Évreux en majesté dans la cathédrale
La cathédrale Notre-Dame d’Évreux est un livre d’architecture & elle brille aussi par ses verrières uniques. Ici, le jaune d’argent trouve ses plus belles expressions dans plusieurs baies du chœur, réalisées entre 1325 et 1330. Un autre joyau, plus tardif, se cache dans la chapelle Saint-Louis : un chef-d’œuvre où l’on peut admirer la finesse et la maîtrise du jaune d’argent, réputé pour être l’une des plus belles verrières de la cathédrale : le manteau de la Vierge à l’enfant.

Une technique qui rayonne au-delà d’Évreux
On retrouve son usage dans des édifices prestigieux comme la Sainte-Chapelle de Bourges (vers 1395-1400), où les verrières rayonnent d’une lumière dorée semblable à celle d’Évreux. L’influence de cette technique ne se limite pas au vitrail. Des artistes comme l’enlumineur Jean Pucelle, célèbre pour ses œuvres raffinées (notamment le « Livre d’Heures de Jeanne d’Évreux« ), ont contribué à la propagation de cette esthétique nouvelle, influençant les maîtres verriers du royaume.
Une légende dorée
Comme toute grande découverte, celle du jaune d’argent s’accompagne de sa part de légende. Selon un récit rapporté par le peintre-verrier Émile Thibaud en 1842, un moine dominicain de Bologne aurait découvert ce procédé par accident. En laissant tomber un bouton, ou une bague selon les récits, d’argent dans un four, il aurait involontairement révélé ce secret alchimique.
Un héritage précieux à redécouvrir
Aujourd’hui encore, les vitraux de la cathédrale d’Évreux fascinent les visiteurs. Le jaune d’Évreux n’est pas qu’une couleur : il est le témoin d’un savoir-faire exceptionnel et d’une époque où l’art sacralisait la lumière. Chaque reflet doré qui danse sur les murs de la cathédrale nous rappelle que l’art du vitrail est avant tout une histoire de patience, d’ingéniosité et de beauté intemporelle.
Alors, la prochaine fois que vous lèverez les yeux vers les verrières d’Évreux, laissez-vous surprendre par ce jaune éclatant !
Sources :
www.lavieb-aile.com/2019/11/les-vitraux-du-xive-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux.
www.patrimoine-histoire.fr/Evreux-Notre-Dame2.htm