C'est Collégial qui vous l'a dit, le 24 juillet 2024

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Jeudi 11 juillet, aux alentours de 13h, sous un ciel bleu parsemé de nuages, nous avons emprunté la route faite d’acier, d’inox ou encore de béton, partagée entre eau, ciel et terre. Des sculptures qui défient notre perception des formes et du paysage nous y attendaient, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Zoom sur la nouvelle édition de la biennale d’Evreux, un parcours d’art contemporain qui prend racine au cœur du centre-ville.

La genèse…

Fruit d’une collaboration étroite avec le programme des animations estivales du Musée, de la Maison des Arts et de la Médiathèque, la nouvelle biennale d’art contemporain fait de la ville même une œuvre singulière, engendrant des questions liées au paysage urbain. Ces sculptures qui surgissent aux endroits clefs de la ville suscitent des questions et de nouvelles perceptions autour de celle que Madame de Sévigné appelait la Cité Jolie. Du 18 mai au 22 septembre 2024, la Ville d’Evreux souhaite ainsi « valoriser les œuvres déjà exposées dans l’espace public, témoignages de son engagement en faveur de la création, mais aussi celles qui sont conservées dans les différents établissements culturels. »

A la recherche des sculptures perdues…

Mon exploration a débuté au jardin botanique, face aux plantes hybrides et colorées qui ont pris place dans le bassin. Travail de la collaboration entre Louise Gügi et Marie Heughebaert, cette installation à quatre mains forme un univers bâtard, au croisement des sources d’inspiration des deux artistes. Ce sont des tiges faites de plots de signalisation, de gilets jaunes ou de matériaux urbains qui deviennent des plantes aux couleurs acidulées, semblables à des confiseries, en évoquant paradoxalement l’anatomie humaine. Les visiteurs découvrent un environnement détourné, transformé, qui fait coexister un monde loufoque et enfantin grâce à des matériaux du quotidien. Alors que ces rencontres entre textures, formes et couleurs émergent de l’eau, c’est une explosion de joie et de légèreté qui émane du bassin.

Au Jardin Botanique 1

Plus en hauteur, le jardin botanique abrite également deux sculptures appartenant à un univers totalement différent (l’intérêt d’une manifestation comme la biennale). Ici, ce sont les œuvres de Philippe Desloubières qui sont mises en avant. Deux structures en acier, à la forme similaire mais à la taille singulière proposent un nouveau rapport à la nature. L’artiste ne passe pas par la maquette : il fait le choix de passer directement du dessin à la réalisation, et bouscule les matières. Le résultat est saisissant. Alors que la sculpture de gauche est en acier corten, sensible au temps et aux intempéries, celle de droite est recouverte d’une peinture de carrosserie rouge, immuable. Les installations défient le temps et la gravité. Ces géants d’acier, Germination 054 B et 054 G, sont finalement remplis de douceur et de fragilité grâce à leur forme évocatrice, appartenant presque à la flore du jardin botanique. Ainsi, dans le paradoxe des matières s’écrit un poème végétal qui fige le mouvement.

Rendez-vous au musée…

Autre lieu, autre artiste : la cour du musée a été mon prochain arrêt lors de cette déambulation artistique, et c’est la plasticienne normande Anne Houel qui y est mise à l’honneur. Tobrouk, une sculpture monolithique en acier corten, est née après le confinement. De retour sur les plages de son enfance, là où elle avait pour habitude de creuser afin de retirer le sable des blockhaus allemands, l’artiste révèle l’intérieur de ces structures massives. En adoptant le point de vue d’un soldat à l’intérieur du bunker, Tobrouk dévoile l’espace du dedans : se dessinent alors la chambre de repli, les escaliers… Dans cette autre dimension, les formes se libèrent. L’œuvre était initialement présentée à Ouistreham, recouverte de sable, sur la plage, et se dévoilait au fur et à mesure. Mais dans la cour du musée d’Evreux, au milieu de monuments datant de la fin du XVe siècle, Tobrouk devient le vestige d’un autre temps. Il trouve finalement sa place dans ce lieu où époques se confrontent, se répondent et cohabitent, devenant une véritable découverte archéologique. Le dialogue avec la cour du palais épiscopal est flagrant et invite à poursuivre l’exploration du travail d’Anne Houel dans le musée, où se trouvent des aquarelles faites par l’artiste. Ce monolithe assez particulier résonne avec le thème de reconstruction, inhérent à la ville d’Evreux, bombardée et ayant dû se reconstruire après sa libération en août 1944.

Tobrouk

Par Nathan

Ce joli article a été écrit par Collégial et rangé dans la catégorie « Culture »

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